Lettre à une jolie Huppe fasciée…
Je n’ose imaginer un monde sans voyage.
Un jour il faudra bien que tu quittes le pays où tu es née,
pour t’envoler vers le grand sud,
et rejoindre les terres lointaines rougies par le soleil,
en frôlant la cime des arbres,
en affrontant la montagne et ses cols venteux,
et en survolant une mer plus bleue que le bleu du ciel.
Cependant, rien dans ton comportement d’oiseau
ne semble indiquer un quelconque changement,
pourtant un jour, demain peut-être, tu ne seras plus là.
Tu seras partie, sans un bruit, sans un chant d’adieu.
Pourquoi ce départ précipité ?… Pourquoi tant de hâte ?…
alors que la nourriture est encore si abondante dans nos campagnes.
Tu sais, dans ton for intérieur,
que ton voyage sera périlleux et épuisant,
et que tout le long de ce périple incroyable,
il te faudra trouver suffisamment de nourriture,
alors oui, c’est surement le bon moment…
Tu ne sais pas lire, mais tu sais déjà tout cela.
Mais quelle est cette impulsion profonde et mystérieuse
qui te pousse à t’envoler vers des contrées inconnues.
Ton comportement m’a toujours fasciné.
Tu voyages seule,
ton vol léger et ondoyant ne fait pas de toi
le plus rapide des oiseaux,
mais tu arrives toujours à tes fins…
Pour ma part, je sais aussi que ce petit coin de nature,
avec ce joli bosquet de Châtaigniers,
et le doux souvenir de ce nid douillet dans le mur de la grange,
ne s’effacera jamais de ta mémoire.
Tu y reviendras, parce que tous les êtres vivants
ont cette émotion chevillée au corps,
cela s’appelle la migration…
Jamais tu n’oublieras ta terre natale….
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