Au pied des « Grandes Platières », à 2480 mètres d’altitude,
se trouve un vaste plateau calcaire, entouré d’arrêtes rocheuses,
et recouvert par le plus grand « lapiaz » découvert d’Europe, 1980 ha,
justifiant ainsi son appellation de désert.
Ce haut plateau calcaire est un véritable trésor géologique,
un vestige sur lequel on peut retracer une partie de l’histoire de notre planète.
C’est incroyable de se dire qu’il y a plusieurs millions d’années, la mer se trouvait ici,
et se dire en même temps que le Mont-Blanc pourrait tenir dans le creux de ta main…
Quand tu poses le sac à dos au pied du cairn, c’est devant le Mont-Blanc.
Ce n’est pas tous les jours que l’on éprouve un tel plaisir…
Malgré son apparence rude et austère, il est plein de vie.
De nombreuses plantes, comme les Gentianes, Pulsatilles, Violette des Alpes,
la Grande Pâquerette de montagne, l’Arménie et la Silène…
des bouquetins déjà cachés à l’ombre et à l’abri du vent,
et l’Aigle royal qui y règne en maitre…
Il ne faut surtout pas marcher sur les névés à cause des trous béants
qui ne demandent qu’a t’avaler.
C’est trop dangereux, on ne sait pas ce qu’il se trouve en dessous, et la neige est fragile.
Dans ce lapiaz, il y a d’énormes cavités, dont la plus grande,
d’une profondeur de 768 m et d’un développement de 11 km.
L’eau met 17 h pour traverser les profondeurs du lapiaz, et resurgir dans une rivière.
En 100 ans, la roche se dissout de 1,5 mm…
On dirait un arbre dans un ciel tourmenté…
Quel jardin extraordinaire, un véritable régal pour les yeux.
La gentiane ponctuée et la Pulsatille des Alpes,
deux plantes que je ne connaissait pas…
Toujours sur fond de Mont-Blanc…je ne m’en lasse pas.
C’est minéral, fantastique, lunaire et venteux.
Quand j’ai fait ces dernières images, il m’est revenu un très beau film à l’esprit.
Te souviens tu de « Himalaya…l’Enfance d’un chef ».
Et surtout de son extraordinaire musique…
Quand je regardais ces cairns, ces rochers, le ciel et cette neige éternelle,
j’avais cette belle musique dans la tête, comme si les esprits de la nature habitaient ces pierres.
Un air du bout du monde…
Une autre planète…
*****
