C’est autour de Villardeciervos, « le Village des Cerfs »,
qu’avec Stéphane et tant d’autres, nous avons observé une meute de loups pour la 1ere fois…
J’avais entendu dire qu’il y avait eu un terrible incendie au mois de Juin,
et comme j’étais sur le chemin des Asturies, il était facile pour moi de faire un petit crochet
dans ce bel endroit, chargé de souvenirs, de rires et d’insouciance…comme un pèlerinage…
Mais là, les mots me manquent…forcément…
et sur le moment, une grosse boule dans la gorge.
Le feu a tout effacé, et il a remodelé le paysage, à sa façon…
Les chemins, les murets, les corrales, les ruches.
Je n’ai ni reconnu, ni retrouvé cette piste de Boya où nous étions à l’affut à 5h du mat, par – 9°…
C’est devenu un paysage lunaire, fait de charbon, de cendres et d’odeur de brulis.
Cela fait un mois que le feu est passé par là, et malgré cela, tous les soirs,
mes vêtements sentaient le burlé…
Récit d’une désolation…
Les faits…le 19 Juin, 30 000 ha ont brulé, l’incendie le plus violent depuis 2004,
un vent fort et soutenu, et une température dépassant les 40° l’ont vite rendu incontrôlable.
14 villages ont été évacués, comme Villardeciervos, Cional, Boya…
la priorité a été donnée à leur protection, aucune victime humaine,
et très peu d’habitations impactées…
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C’est l’image qui résume peut-être le mieux la situation.
L’enfer…la mort…une énorme tristesse…
Et une colère grandissante qui se lit sur tous les visages,
des mots désespérés et fatalistes, que j’ai lu, entendu et cru comprendre,
« bruler la vie…tout ca pour ca…châtaigniers centenaires calcinés » …
« Ferreras de Arriba ne te tais pas… Ma chère Lleyra, à mes yeux tu es blessée,
mais dans mon cœur, toujours belle et fleurie » …
« Les nuages ne pleurent pas sur cette terre » …
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Bois de Cerf…bois dans le bois calciné…
Les sous-bois sont un véritable refuge pour la faune, mais aussi un incroyable piège…
Les dégâts sont considérables, même si heureusement, de nombreux animaux ont pu s’enfuir…
Mais certains n’ont pas survécu, terrifiés et asphyxiés,
des Sangliers, des Chevreuils, des Renards et des Blaireaux ont brulé avec la foret.
Les gardes m’ont raconté qu’ils trouvaient les cadavres
grâce aux vautours qui tournoyaient au dessus,
et que toutes les portées de louveteaux avaient quasiment disparu…
Le mois de Juin, en pleine période de nidification, a été fatal aux oisillons,
et des milliers d’insectes, de reptiles et d’amphibiens n’ont pas survécu…
Le feu passé, il a laissé au milieu des cendres, les sentes de tous ces animaux…
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Le 20 Juillet 1969, Neil Armstrong posait le pied sur la Lune…
Le 15 Juillet 2022, presque 53 ans après, j’ai eu cette même impression,
mes premiers pas sur la Mer de la Tranquillité, sur une surface tendre, poussiéreuse,
et silencieuse…
Entre mes pas, des empreintes de Renard…
et un peu d’espoir…
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L’incendie a fait aussi ressortir certaines réalités de notre société…
Le premier travail de Neil Armstrong a été de ramasser un peu de poussière de Lune,
à l’aide d’une petite épuisette télescopique, le premier échantillon lunaire…
Après avoir fermé hermétiquement l’épuisette, il a jeté le manche.
C’est le premier des détritus terrestres qui joncheront le sol de la Lune
après le départ des astronautes…
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Alors…la foret peut-elle renaitre de ses cendres…
Ces jeunes pousses de Chêne ont décidé de se débrouiller toutes seules,
et parait-il, que des Morilles sont sorties des cendres…comme un miracle…
L’homme va aider la foret, mais le travail reste colossal et presque insurmontable.
Même les jeunes enfants ne retrouveront pas la belle foret qui les entourait…
Au delà d’une débâcle sociale et économique que cet incendie va surement causer,
c’est aussi un dommage terrible au patrimoine écologique, ethnologique et historique
qui s’est produit dans l’écosystème unique qu’est la Sierra de la Culebra…
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« Los corrales » sont des constructions en pierre sèche qui servaient à abriter les moutons,
surtout la nuit, pour les protéger des attaques des loups…
La Sierra de la Culebra abrite la plus grande population lupine de toute l’Europe.
Je me suis arrêté au bord de la route pour photographier ces corrales calcinés..
Et, autant je disais plus haut que les jeunes chênes avaient de la force,
mais je crois que « la force du merveilleux et de l’inattendu » est encore plus forte…
Je m’approchais des constructions, en me frayant un passage dans les branches calcinées,
quand soudain, et contre toute attente, un Loup a surgi devant moi…à 10 m…
L’instant de surprise a été incroyable, il était 10h30 du matin et il faisait déjà très chaud…
Il avait la gueule ouverte, une magnifique langue pendante, et des yeux surpris de me voir…
On s’est regardé un long moment… 5 à 6 secondes…une éternité…
et je crois même que je lui ai parlé,
mais je ne sais plus trop ce que j’ai dit… j’étais fasciné, envouté, subjugué…
Je n’oublierai jamais son regard clair…
iso 100 36 mm f.8 1/200
Tout a une fin bien sûr, et elle est arrivée très vite…le moment de surprise passé,
la réalité a repris ses droits, il a fait un rapide demi-tour et s’est enfui en traversant la route…
Les images sont comme elles sont…j’ai déclenché en rafale, 5 photos, « au pif » comme on dit…
La cinquième, il n’est pas dessus…évanoui…envolé comme un fantôme…sans un bruit…
Il est sorti de la foret charbonneuse, son territoire de chasse…
Derrière les arbres encore verts, il y a le village de Ferreras de Arriba…
J’ai montré les photos aux gardes de Villardeciervos, ils étaient heureux de voir un Loup…
« Muy precioso » m’ont-ils dit…
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Santa Cruz de los Guerragos…
Un petit village où j’ai dormi, épargné par toute cette catastrophe…
Il est magnifique de tranquillité, les loups sont leurs premiers voisins…
Au dessus de la crète, à deux petits pas, le Portugal…
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« Méditor » veut dire « mesureur »…je ne sais pas comment il faut le prendre…
Je n’ai pas osé m’assoir, je n’ai pas su où me mettre !!….
Ils sont un peu coquins dans ce village !!…
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