En 1741, les premiers aventuriers partent à l’ascension des « Glacières de Savoye »,

 à cette époque, cette région avait une réputation de grande sauvagerie

avec son glacier inconnu,

 les habitants de la vallée lui avait donné le nom de « Glacier des Bois ».

Ces mêmes explorateurs en avait fait une belle description…

« Il faut s’imaginer un lac agité par une grosse bise et gelé d’un coup ».

Et c’est ainsi que le glacier est baptisé « la Mer de Glace »….

 

Mais quand je suis arrivé, le soleil n’était pas encore sorti de derrière « L’Aiguille des Drus ».

En août 1786, la première ascension du Mont-Blanc a marqué le début de l’alpinisme.

Parmi les sommets à conquérir, la fameuse Aiguille des Drus, 3704m.

La première a eu lieu en 1878, et depuis la liste des alpinistes qui ont vaincu

ce sommet mythique est longue,

Je ne peux tous les citer, mais j’aurais une pensée pour Catherine Destivelle,

qui en 1991, 113 ans après la première ascension,

a réussi à ouvrir une voie sur la face ouest des Drus, en solo, et en 10 jours.

Je me souviens encore de cet exploit,

depuis, elle a gravi tous les plus grands sommets du monde…

 

La Mer de Glace, 1913 m, avec tout au fond, les « Grandes Jorasses »… 4208 m…

Un truc de dingue en alpinisme.

La Mer de Glace, entourée de ces montagnes majestueuses,

c’est tellement beau ces pics puissants et pointus partis à l’assaut du ciel.

Alors, avant de m’aventurer dessus, je suis allé la visiter dessous.

Et là…il y a tant d’émotions à l’intérieur de ce monstre

que le voyage dans le temps est incroyable…

Tu me marches dessus, mais je suis un être vivant.

Pour de nombreux peuples, je suis une personne sacrée.

J’ai mis 500 ans pour venir du Mont-Blanc,

j’avance de 25 m par an,

et au niveau des séracs du Géant, ma progression est de 1 m par jour.

Des fois, tu pourras voir l’ombre d’une de ses roches

emprisonnée dans mon corps…

Je suis fait de bulles d’air et de gouttes d’eau,

et mon cœur est bleu…

Je suis une réserve d’eau,

et c’est la neige de l’hiver qui devient l’eau que tu bois.

Je transporte tant d’histoires….

***

 

Je me souviens que quand j’étais dans cette zone, je m’étais posé pour manger un peu.

et dans ce grand silence, j’ai soudain entendu un bruit fort,

le glacier avait bougé surement, dans un grand craquement.

Le glacier ne voyage pas seul, il transporte des pierres et du gros sable,

des résidus de l’érosion et des avalanches.

Cet amas de débris rocheux érodés s’appelle une « Moraine ».

Tout ce que reçoit le glacier en surface est donc transporté,

et cela lui donne cet aspect un peu sale, laissant cette impression que la glace n’existe pas.

Mais c’est aussi un sacré avantage pour le glacier,

cela le protège du soleil.

Malgré ce soleil, il y fait un peu frais quand la bise se lève sur le glacier,

avec une odeur de pierre, de granit et d’humidité…

 

Mon aventure sur la Mer de Glace s’achève là,

j’aurais aimé aller un peu plus loin,

mais il parait que la prudence est mère de sureté,

et n’ayant pas l’équipement nécessaire,

je me suis fait un petit demi-tour, le cœur gros quand même,

j’ai tellement « kiffé » cette rando,

toucher cette glace, la sentir, l’écouter craquer et me raconter

m’a fait remonter la même émotion que quand je touche un vieil arbre…

 

Au Moyen Age, la Mer de Glace était au même niveau que maintenant.

Elle s’était refait la cerise pendant 3 siècles, mais actuellement elle fond bien plus vite….

Je pense que l’on ne peut pas y faire grand chose,

mais je pense aussi que la nature sait ce qu’elle fait, et laissons-la faire.

Je lui fait confiance…

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