Au delà de la brume des cols,
il y a dans la foret d’Irati autant d’histoires et de traditions que d’arbres…
C’est un territoire hors du commun, rempli de secrets,
qui a vu passer quantité de femmes et d’hommes, d’aventuriers,
des armées médiévales aux trafiquants de tous poils venus de pays lointains…
Mais aussi les habitants pyrénéens, comme ces fameuses « Hirondelles ».
Pendant des décennies, des femmes franchissaient les Pyrénées pour travailler à Mauléon,
comme fabricantes d’espadrilles, d’où le nom d’ « Hirondelles »,
une histoire de migration, comme ces milliards oiseaux , depuis la nuit des temps…
Et si on parlait de « Basajaun », le « Seigneur de la foret »
un personnage mythologique que je n’ai pas vu mais qui se cache
dans le profond brouillard d’Irati,
ou bien des « Laminak »… que j’ai vu par contre…
mais ça…c’est une autre histoire !!….
On dit un « Lamina »…et des « Laminak »… c’est la langue basque…
Les « Laminak » vivent dans les forets profondes,
sous des rochers énormes, dans des forets sombres et mystérieuses.
Ils vivent surtout auprès des sources, des ruisseaux et des lacs,
mais certains peuvent aussi vivre sous l’arche d’un pont qu’ils auraient construit en une nuit…
Ici, cet endroit s’appelle « Laminenziluack »… le Trou des Laminak.
Tu ne vas pas me dire…comment se fait-il que l’eau de la source à gauche est à 33 degrés,
et celle de droite, à même pas 1 mètre, est à….très froide…
C’est parce qu’ils habitent là…ce n’est pas compliqué,
tu vois les traces de leurs doigts sur la terre quand ils sortent de l’eau…
Quand le soleil disparait à l’horizon, c’est leur moment sacré…
J’ai vu des femmes Laminak se baigner et peigner leurs longs cheveux avec un peigne en or,
d’ailleurs c’est pour cela qu’elles ont toutes une longue et belle chevelure blonde.
J’ai voulu les photographier, mais…c’est diabolique, elles n’apparaissent pas sur les images,
alors j’ai essayé de les dessiner…
La porte de leur demeure ne s’ouvre que quand on frappe le seuil avec un bâton.
Un coup suffit, mais le plus dur, c’est de trouver le seuil…
Un secret est un secret…
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C’est vrai que quand la douce lumière du soir illumine les paysages,
c’est tellement beau et chaud, que l’on se sent trop bien dans cette douce ambiance…
Des fois, c’est tellement irréel…
Mais, quand tu te réveilles un matin, et que la brume a tout envahi,
tu as cette agréable sensation d’être coupé du monde…d’être ailleurs… et c’est génial, j’adore…
Quelle atmosphère étrange et mystérieuse que ce voile opaque qui fige l’air et les arbres
dans un silence profond et duveteux…la nuit en plein jour…
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Itxassou… depuis le Col de Mehatché…
Ok…pour les autochtones, nous ne sommes plus à Irati,
on a un peu migré vers la mer, on va vers la Rhune…la cote basque, là où il y a du monde.
Au fond, il y a une petite mer de nuages, derrière un petit Pottock solitaire.
Dans ces montagnes, tout un tas de petits troupeaux vivent en totale liberté.
Ici, au dessus d’Itxassou et de la Nive, quelques brebis paissent tranquillement.
C’est la « Sasi Ardi » , une race locale très ancienne,
que l’on appelle la « brebis des broussailles » ,
le seul ruminant pyrénéen à pâturer dans un milieu difficile d’accès.
Des fois, le paysage peut être surprenant dans sa couleur, sa profondeur, sa forme.
J’ai trouvé superbe ce champ vert en forme de joueur de foot avec son ballon…
Une belle invitation au jeu…
Trois jours de pluie incessante, j’avais peur de rester embourbé..
Mais mon Bohémian s’en est sorti comme un chef.
Une feuille de Peuplier est venue se coller à la vitre,
comme un petit brin de poésie qui est resté plusieurs jours,
même quand j’ai repris la route.
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