Le mot légende vient du latin « legenda »… « qui doit être lue »…
Souvent, on entend « histoire », et de suite on pense « légende » …
Parce que, quand une histoire devient fantastique, merveilleuse, ou un peu trop poétique,
elle ne peut pas être vraie…cela ne s’est pas passé comme ça…et de suite on va dire
« tu nous raconte des histoires!!… »
Possible…mais avec ses 3 histoires de fontaines fantastiques que je vais te raconter,
la fontaine de l’Ours, la fontaine pétrifiante, et la fontaine ardente,
et malgré une explication scientifique qu’il faut entendre,
tu ne pourras pas t’empêcher de te dire que quand même, il doit y avoir autre chose…
C’est selon la part du rêve qui t’anime…
La sculpture est costaude et se pose bien là.
De prime abord, l’assemblage du bois pour la réaliser m’a un peu déçu.
Cela m’a fait de suite penser à une affiche que l’on voit souvent sur l’étal des bouchers,
représentant un bœuf découpé au carré et vantant le meilleur morceau à manger…
Mais la tête est bien belle, comme son histoire.
« La Fontaine de l’Ours »
Un jour un évêque de Gap rentrait de Rome avec son attelage composé de 2 bœufs.
Arrivé à un col, un Ours les attaqua et tua un des bœufs.
Le prélat ordonna à la bête de le remplacer, et touché par la grâce, il prit docilement le joug.
Pris dans une tempête, ils s’arrêtèrent dans la foret, et pendant que le prélat méditait,
l’Ours partit à l’aventure. En creusant, il mit à jour une source d’une grande limpidité.
Une grande amitié venait de naitre, et l’Ours reçu en cadeau une chaine d’or et d’argent.
A la mort du prélat, l’ours disparut, il finissait ses jours solitaires
tout près de « sa fontaine », rongé par le chagrin.
Un jour de bon hasard, des religieux découvrirent la source, et en creusant un peu
ils trouvèrent le squelette de « Messire Brun », entouré de sa chaine d’or et d’argent…
Mais les religieux perdirent cette fameuse chaine, et depuis,
le fantôme de « Messire Brun » erre dans la foret de Boscodon à sa recherche…
Aujourd’hui, la fontaine est classée monument historique…
***
« La Fontaine pétrifiante »…
Avec son grand bec de pierre et ses couleurs incroyables,
un esprit malin pourrait facilement la comparer à un monstre ou à un dragon.
Il y a de quoi, car elle impressionne et elle en impose.
Mais on peut aussi la regarder comme une vieille dame bienveillante et mystérieuse,
faite d’eau et de pierre en été, et de glace en hiver…
Remontant d’une faille profonde, l’eau se charge de différents minéraux et se réchauffe,
au passage elle prend une pincée de sel et de carbone, une peu de matériaux organiques
et à la fin tout se transforme et se pétrifie. C’est de la chimie diabolique…
Alors quand l’eau ruisselle sur sa peau d’ivoire et d’ocre,
elle est à 21°, et si tu la gouttes, elle est légèrement salée.
C’est clair comme de l’eau de roche…
Forcément il y a une histoire qui traine par là, et tu ne vas pas t’en sortir comme ça…
Parce que je l’ai cherchée, et avec un peu de patience,
j’ai dû remonter jusqu’en 1697, je l’ai trouvée.
Antoine, de Réolier, paysan et vendeur ambulant à ses heures.
Tous les ans, il partait en Provence, à la foire d’Apt, faire ses petites affaires.
Une fois conclues, il rentra chez lui, pressé, parce que sa jeune épouse était enceinte.
Loin d’être arrivé il fut pris dans une terrible tempête de neige,
qui dura plusieurs jours, mais courageux comme on pouvait l’être en ce temps-là,
il continuait à marcher à grands pas, voulant arriver à temps pour l’heureux évènement.
A la faveur d’une éclaircie, et d’un beau clair de lune,
il vit à coté de lui un monstre menaçant aux dents acérées
et pensant s’être trompé de chemin, il se crut arrivé en enfer.
Se saisissant d’un énorme gourdin, il s’approcha pour défendre chèrement sa peau,
et quand il reconnut la Fontaine pétrifiante, alors il sut qu’il était enfin arrivé.
Il ouvrit la porte, les 12 coups de minuit sonnèrent,
son épouse venait tout juste d’accoucher…
***
« Le Pont de Diable et la Fontaine ardente »
Il est caché dans la montagne, dans une vallée perdue…
On y tombe pas dessus par hasard et on ne s’y baigne pas non plus,
et pour cause, beaucoup se sont fait avaler, c’est comme ça par ici, on y va pas, c’est tout…
D’ailleurs, il n’est même pas conseillé de traverser le pont,
c’est « Le Pont du Diable » quand même…
Les eaux du torrent sont assourdissantes, et avec une puissance phénoménale,
elles ont creusé les « Oules du Diable »… les marmites géantes du Diable.
Et si tu tentes le diable en traversant le pont, c’est à tes risques et périls.
Ne te dis pas …j’y vais…personne ne me verra de toutes façons.
Tu n’es jamais tout seul…
Ne fais pas le malin, il est partout…
De l’autre coté, peut-être que tu découvriras un autre monde, un peu mystérieux,
tu passeras surement à coté du serpent tapi dans les herbes,
et tu ne le verras pas non plus quand il se dressera pour regarder
la direction que tu prendras…
tu ne verras pas non plus la grenouille cachée au bord de l’eau,
attendant que tu poses la main sur son rocher…
Mais avec un peu de chance et de curiosité, tu remarqueras
quelques sépales prendre la forme d’une Mante religieuse,
ou les fruits rouges gorgés de jus de la très rare Streptope à feuille embrassante,
mais surtout tu ne te laisseras pas tenter par ses fruits appétissants et charnus,
bien trop souvent mortels…
Tu ne te laisseras pas non plus attirer par la beauté trompeuse de ces eaux limpides,
tu ne tourbillonneras pas dans ces remous impressionnants et tumultueux,
tu ne te laisseras pas glisser dans les profondeurs de la terre
tu ne sauras pas où tu ressortiras…
Les mystères de la terre sont impénétrables…
Et peut-être qu’au bout de…longtemps, tu ressortiras à la « Font que brusle » …
« La Fontaine ardente »
Depuis le Moyen-Age, on a toujours raconté que cette étrangeté et ces hallucinations
étaient l’affaire du diable. Appelés aussi Feux-follets, ces petites flammes
sortaient de terre pour aller hanter les forets désertes, les marécages et les cimetières….
Il se raconte aussi que la flamme serait provoquée par le souffle
du dernier Dragon du Dauphiné,
qui aurait été capturé et enseveli sous une avalanche de rochers,
et dans laquelle elle serait restée retenue prisonnière depuis.
Cette étrangeté est due à une émanation de méthane, prisonnière des couches sédimentaires.
En fait, on ne sais pas trop d’où ce gaz peut bien venir…
C’est magique, impressionnant et inattendu.
De toutes façons, tu ne m’enlèveras pas de l’idée qu’il n’y a que le Diable
pour savoir faire bruler quelques cailloux…
Tu sais que de toutes façons, le feu brule en enfer….
et tu sais aussi que le Diable est un Malin…et il peut ressortir partout,
surtout là où tu ne l’attends pas…
Préfères tu les vins fruités et ronds, aux notes de sous-bois,
ou préfères tu les vins taniques…
ou « sataniques »…
Allez…va !… c’est bien connu…
Le Diable se cache toujours dans les détails…
Tant d’histoires pour si peu de choses….
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