Même si l’homme a toujours vécu avec les grands prédateurs,
il a aussi vécu, à Somiedo comme ailleurs, de son élevage.
L’activité humaine propre à ces vallées montagneuses,
est donc automatiquement et étroitement lié à la nature sauvage,
et comment faire autrement d’ailleurs, car, comme dans toutes les vallées du monde,
des décennies d’élevage et de labours ont façonné le paysage.
Le tout entouré de forets de Hêtres et de Châtaigniers, de Frênes et de Chênes très denses,
où règnent en maitre la grande faune,
Le Grand Tétras, en total déclin, fait l’objet d’un suivi soutenu,
le Loup ibérique, Canis Lupus Signatus, qui se trouve entre forets et pâturages,
et l’Ours brun, maitre et seigneur incontesté des montagnes de Somiedo…
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Elles sont belles ces vallées, avec ces patchworks de prairies entourées de murets.
Ce qu’il y a de génial, c’est que chaque pays, chaque région,
a son petit truc, son petit système, sa façon de faire… ici, ce sont les clôtures…
Deux poteaux, avec des mortaises et des encoches pour recevoir des barres de bois.
On encastre la barre à droite, à gauche on la glisse dans l’encoche, et pour éviter que la vache
ne la fasse sauter d’un coup de museau, on y plante une grosse cheville pour la bloquer…
C’est à la fois génial, pratique et esthétique … j’aime beaucoup…
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La vache locale… « La belle Asturiana de los Valles »…
Comme partout, la cohabitation entre élevage et faune sauvage n’est pas facile.
L’Ours aurait un peu plus peur des vaches, on va dire cela comme ça,
même s’il a déjà été observé traversant une prairie avec des vaches…
Alors que le Loup s’attaquerait plus facilement aux poulains et aux veaux,
et donc de ce fait, il est forcément beaucoup moins bien accepté que l’Ours, qui bénéficie
d’une protection à 100%… Les gardes du Parc Naturel ont pour mandat
de tirer sur les Loups qui commettraient un peu trop de dégâts…
Et si prédation il y a, ce n’est jamais une bonne nouvelle, pour personne,
ce sont toujours des moments très difficiles à vivre…
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Alors l’homme s’est alloué les services d’un gros monstre poilu…
Le « Mastiff », ou Mâtin espagnol… Mâtin Léones…
Un chien impressionnant, originaire de la Province de Léon.
Il fait partie du groupe des « Molossoides », descendant du Molosse du Tibet.
Ce chien rustique et puissant, jusqu’à 100 kg pour le male, est parfaitement adapté
pour la défense des troupeaux. C’est la race la plus ancienne d’Espagne,
et il était utilisé il y a plus de 4000 ans pour la transhumance.
Mais il a eu plusieurs jobs, et pour gagner sa pitance, il a été utilisé comme chien de guerre,
chien de trait, et on le faisait même combattre contre des Lions dans les arènes…
Un chien musclé, fidèle, joueur… docile, mais pas pour tous… et surtout très intelligent.
Il ne craint pas le mauvais temps, et quand il va pleuvoir,
il lui arrive de creuser un trou dans la terre pour recevoir de l’eau et boire à sa soif…
Son prix ?…au vu de ce qu’il sait faite, c’est pas cher au kg…
de 1200 à 1500 euros… en sachant qu’il faut compter au moins 90 euros/mois pour les repas..
c’est que ca mange une bestiole comme celle-là…et quand il y en 4 ou 5 dans un troupeau !!….
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Le collier de pointes, c’est pour le protéger des attaques de Loups…
Et comme le Loup attaque toujours à la gorge, le Mâtin a une autre protection,
naturelle celle-là, son double « fanon », un large bourrelet de graisse sous sa gorge.
Des fois, ils sont introuvables…puis d’un coup, ils surgissent de nulle part.
C’est un véritable service de protection, une « agence tous risques », une sorte de commando
qui circule jour et nuit, dans et autour du troupeau, c’est son boulot et il le fait à merveille…
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Un poco de vida en la furgoneta…
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Le brouillard est une bête vivante et vagabonde,
elle erre dans toutes les vallées du monde.
Coincée entre les cimes et ses arêtes escarpées,
elle a souvent grand peine à s’en extirper.
Je la connais, je l’ai vue faire tant de fois…
Elle étire par delà les crètes ses grands bras,
pour poser ses longs doigts sur les cailloux
et basculer dans le vide, en se hissant d’un coup.
Puis, un peu de vent aidant, elle change de vallée,
emportant avec elle sa fraicheur et son humidité…
Brouillard oppressant.
Rochers glissants.
L’humidité voyageuse
des profondeurs ombrageuses
transporte plus loin les odeurs
dans la sombritude et les froideurs.
La nuit en plein jour
l’instant magique choisit par l’Ours
pour se montrer sans embarras
à un monde qui ne le verra pas…
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